stay strong. | jonathan

Dream.

I am no bird; and no net ensnares me: I am a free human being with an independent will.

C'était la première fois depuis trois ans et demi qu'Anthéa reprenait place face à un piano. Sous les regard des adolescents et adultes qui résidaient pour longtemps à l'hôpital, ainsi que quelques membres du personnel et une poignée de visiteurs, elle s'assit et posa ses mains sur le clavier. Elle savait encore jouer, bien sûr, elle n'avait pas cette oreille absolue pour décorer.

Si Nathaniel ne lui avait pas parlé de ce groupe de soutien, elle ne serait pas là aujourd'hui. C'était un psy qui l'animait, et elle était venue quelques fois. Son truc à lui c'était la thérapie par l'art. Chanter devant tous ces gens était censé rendre un peu de sa confiance perdue à Anthéa. Elle ne demandait qu'à voir si ça fonctionnait.

Elle dut d'abord respirer profondément. Plusieurs fois. Puis elle trouva le chemin, aussi évident que s'il avait été fait rien que pour elle - c'était le cas. Ses mains entamèrent leur danse, et les première notes de l'Ave Maria franchirent ses lèvres. Silence brusque et absolu dans le public. La voix d'Anthéa était pure, cristalline, capable de prouesses tant en terme de notes que de puissance, et l'Ave Maria était à la fois son échauffement et son étalage d'aisance. Puis elle redescendit dans les graves et le dynamique avec What's Up, prenant une voix un peu voilée, avec un grain très présent, et termina avec une chanson romantique très peu connue, A little bit longer, pour laquelle sa voix se fit douce, tendre. Elle se sentait coupable de penser à Samuel plus souvent qu'à Maé en chantant cette chanson, mais c'était la plus douce et la plus belle qui lui vienne en tête ce jour-là.

Et puis ce fut fini. C'était passé très vite. Anthéa ne réalisa qu'au moment des applaudissements, et au lieu de se montrer droite, fière et paisiblement sûre d'elle comme autrefois, elle se ramassa sur elle-même, rougissante, une main posée sur le réseau de cicatrices qui défigurait la partie droite de son visage. Soudainement, elle ne voulait plus qu'on la regarde, elle ne voulait plus qu'on veuille l'écouter. Tout s'était effondré.

Rendue hâtive et nerveuse par une bouffée d'angoisse, elle se leva et s'inclina à la hâte avant de traverser la foule pour aller s'isoler. Elle courut presque jusqu'à un couloir où personne ne passait et s'effondra sur une chaise en plastique qui protesta contre sa brusquerie, les larmes aux yeux et le souffle court.

by tris

Yeux rivés sur le petit écran de sa caméra, Jon regardait sourire aux lèvres les images qu'il avait tourné ce matin. Lorsqu'il avait appris qu'une de ses abonnés, une enfant de dix ans à peine, était à l’hôpital de la havane pour de grave problèmes de santé, il avait tout de suite eu l'idée de lui faire la surprise d'une visite, de la faire apparaître dans l'une de ses vidéos. Bien sûr, tout cela avait mit bien longtemps à être préparer. Contacter ses parents, l’hôpital, préparer la surprise et les petites activités à faire ensemble... Ca avait été un vrai travail d'organisation et Jon était heureux d'avoir pu mener tout cela a bien. La petite choute avait été aux anges et Jon n'oublierait ni son sourire ni les remerciements que lui avaient adressés ses parents pour ce petit instant de bonheur. Levant les yeux d'un seul coup, Jonathan réalisa qu'à ne pas regarder où est-ce qu'il marchait... il s'était perdu. Etre perdu dans un hôpital, voilà bien une première ! Regardant autour de lui, le jeune homme était sur le point de faire demi tour pour revenir sur ses pas lorsqu'il entendit, au loin, le son d'un instrument. Curieux, il abandonna son demi tour pour suivre ce son qu'il aimait tant. Et au bout de quelques minutes de marche, il trouva la source de la mélodie, atterrissant au passage dans ce qu'il semblait être une mini-représentation de musique. Voilà bien quelque chose d'intéressant ! Ni une, ni deux, le bol de riz rangea sa caméra dans son sac puis se mêla à la foule, pour écouter les personnes passant tour à tour sur le grill. Et puis, ce fut au tour d'une petite demoiselle à la chevelure rousse de faire son show. Jon fut ravis de la voir s'avancer vers le piano, l'un de ses instruments fétiches. La jeune femme semblait stressée, mais aussitôt posa-t-elles ses mains sur les touches blanches et noir qu'un silence religieux ce fit dans cette salle où ne résonnait à présent que sa mélodie jouée, puis sa voix. Elle était douée, très douée. Tant au chant qu'au piano, Jon ne pouvait que profiter de ces notes harmonieuses, de cette voix pure et douce. Et lorsqu'elle eut finit, la slave d'applaudissement qu'elle reçut indiquait à Jonathan qu'il n'avait pas été le seul a apprécier l'écouter. Par contre, il était très certainement le seul à qui cette représentation avait provoquer une telle excitation, une telle euphorie, et pour cause : il voulait absolument jouer avec elle ! Le piano était pour lui plus qu'une passion et ce, depuis plus de vingt ans. Il adorait y jouer seul ou a quatre main seulement, plus ses capacités augmentaient, moins il trouvait de gens acceptant de jouer en duo avec lui à cet instrument. Pour ne pas dire qu'il n'avait a présent plus personne. Mais avec elle, Jon en était certain : un duet ne pourrait être qu'exaltant ! Il était bien décidé à lui sauter littéralement dessus, seulement, elle ne lui en laissa pas l'occasion. Sans trop qu'il ne sache pourquoi, la jeune femme, dont le visage trahissait le malaise, s'enfuit sans un mot. Jon fronça les sourcils. Pourquoi agir de la sorte ? Autour de lui, tous semblaient aussi décontenancés, mais aucun ne semblait vouloir agir. Alors Jon n'hésita pas. Il fit lui également demi-tour au pas de course, la suivant à la trace. Il eut un peu de mal à arriver jusqu'à elle, ne connaissant que trop peu cet hôpital, mais parvint tout de même à la retrouver là, sur cette petite chaise, seule et mal en point. « eh bah ! Tu peux te venter d'avoir presque réussi à semer JONATHAN LE MAGNIFIQUE ! » Se laissant choir sur la chaise juste à côté de la demoiselle dans un grand bruyant souffle rieur, Jon adressa a la jeune inconnue un grand sourire, ne se souciant absolument pas du fait qu'il venait de l'aborder comme s'ils étaient amis depuis des années sans même la connaitre - voilà bien comment il fonctionnait après tout. « On peut dire que tu sais comment faire tes sorties de star ! Tout le monde a été baba ! » lui fit-il remarqué d'un ton malicieux, le rire dans la voix. Ah ça, pour avoir surpris son monde, elle l'a surpris ! Mais bien vite, Jon se calma. « Comment ça va ? » Son sourire s'agrandit, son regard était on ne peut plus bienveillant et amical. Jon était un instinctif, et son instinct était sans appel. Sans qu'il ne sache comment ou pourquoi, il le savait : il allait adorer cette donzelle.