I'm not mean, I'm brutally honest.

- une vie ce n'est pas assez...

Oscar.  On ne m’a jamais dit que j’étais gentil. Ça se comprend en même temps. Aveuglé par mon énorme ego, je pense que j’ai toujours raison. Ça me coûte de le dire, alors je ne le répèterai pas. Pensez ce que bon vous semble, je m’en moque. J’ai choisi ce style de vie pour la facilité qui en découle. Mon père a de l’argent et m’en a fait profiter. Je ne m’en cache pas, je n’en ai pas honte. J’offre aux touristes ma vie pendant quinze jours. Ne rien faire, glander, se promener, faire la fête. Les possibilités sont infinies quand on a du temps libre. Des vacances bien méritées, pour ces européens qui triment sous la grisaille tout le reste de l’année. Et c’est moi l’abruti…

Ed est le père d’Oscar. Il détient un réseau d’agences immobilières. Il possède quelques maisons qui lui appartiennent directement, à La Havane. Oscar en a la garde et les loue à des touristes. Ed a conscience que son fils n’a pas un caractère modèle. Cela ne lui pose pas de problèmes dans le sens où il connait les difficultés du marché touristique de luxe à Cuba. Une force de caractère est toujours un plus. Oscar n’a jamais été un enfant facile. Déjà en primaire, il levait le poing facilement. Ce n'est pas la manière dont nous l'avons éduqué, sa mère et moi. Son caractère nous dépasse. J'ai le sentiment qu'il est trop tard maintenant, rien ne le fera changer. Il a pourtant eu la chance de vivre dans une famille aimante et aisée. J’ai peut-être été trop permissif avec lui, voir peut-être trop absent. Je dirais que les trois mots qui définissent Oscar  aujourd’hui sont têtu, drôle et versatile. Mais ce n’est que la vision d’un père. Malgré sa mauvaise réputation auprès de ses professeurs, Oscar a toujours eu de bons résultats à l’école. Il aime travailler et son goût de l’effort lui a permis de tenir bon. Un évènement intra-familial a bouleversé Oscar il y a sept ans. Ça l’a profondément changé. Il a pris la décision de ne pas faire d’études supérieures. C’est à ce moment que j’ai décidé de l’aider avec mes biens immobiliers.

Anka est la mère d’Oscar. Elle est allemande mais vit à Miami depuis trente ans. Elle n’a jamais daigné apprendre sa langue maternelle à son fils. Anka a du mal à tolérer l’insolence de son fils. Cependant, le fait que son mari ai l’air de cautionner ce comportement l'agace encore plus qu'Oscar lui-même. Oscar a une rage en lui. Lui parler, c’est prendre le risque de le voir exploser comme une bombe au moindre mot de travers. Depuis qu’il est petit, il a bien compris que son joli visage allait le sortir de plus d’une situation. Je comprends qu’il est eu des passes difficiles. Mais ça n’excuse pas tout. Étant mère au foyer, il a eu la chance de pouvoir m’avoir à ses côtés tout au long de sa jeune vie. C’est sans doute pour cette raison qu’il m’épargne plus que la moyenne quant à ses accès de colère. Les fugues nocturnes pour rejoindre ses amis, la drogue, les mensonges… J’ai toujours voulu être dans le dialogue, l’écoute. Mais dans un sens, il s’est surtout joué de moi car il sait à quel point je l’aime.

Maria est l’ex-petite amie d’Oscar. Une longue relation tumultueuse, qui a toute de même duré cinq ans. La majorité de leur entourage ne comprend pas comment elle a fait pour le supporter aussi longtemps au quotidien. Ils ont même vécu un an ensemble. Pour Oscar, cette relation avait de l’importance, bien qu’il avait du mal à calmer l’envie de se réchauffer dans les bras d’autres personnes. Maria le pardonnait naïvement. Je vois ma relation avec Oscar comme une sorte de nuage étrange, tantôt orageux, tantôt gris. Ça n'a jamais été simple à ses côtés. Mais je l'aimais pour cette complexité qu'il apportait à mon quotidien. Je devais peut-être être masochiste. Je pense qu'inversement, j'ai peut-être pu lui apporter une douceur de vivre qu'il n'avait pas connu jusqu'ici. Un caractère pareil qui accepte de rester cinq ans avec moi, ce n'est pas rien. Puis il y a eu la tromperie de trop, celle que je n'ai pas pu supporter. Je n'ai pas rompu avec lui. Il a compris de lui-même, il est simplement parti sans me dire au revoir, me laissant l'intégralité de ses affaires.

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<zz>Célébrité</zz> - Peter Bruder