Just like fire, burning up the way ♠ (Joy&Oscar)

La tête encore embuée par les vapeurs d’alcool de la veille, Oscar grommela comme un vieux lion mal léché.  Il se frotta les yeux  dans un ultime espoir de reprendre ses esprits puis glissa ses pieds dans ses pantoufles avant de se lever. Son regard se porta vers la vue que lui offrait l’océan à travers sa grande baie vitrée. La différence entre l’ambiance chaude d’hier et le calme du matin lui donnait à présent un sentiment de bien-être incomparable. Une sonnerie rententit. D’une main lourde, il attrapa son téléphone qui était posé sur sa table de chevet en bois de noyer. « Bonjour Oscar, passez vous toujours au bureau ce matin? J’ai besoin de savoir pour préparer la salle d’entretien. » Le garçon leva les yeux et soupira. Bien sûr qu’il venait, il n’avait qu’une parole quand il s’agissait du travail. Il décida pour le bien de tous de garder son calme. Après tout, il avait besoin de publicité. En ce moment, les affaires n’allaient pas fort. Un groupe qui avait occupé une villa s’était amusé à lui faire une réputation déplorable sur TripAdvisor. Après un café et une cigarette, il s’attela à se préparer. Une vingtaine de minutes plus tard, il ressortit de la salle de bain vêtu d’un léger pull en coton blanc et un jean noir. Oscar n’était pas le genre de gars à mettre des accessoires. Il les avait même en horreur. Il ne sentait pas libre de ses mouvements. S’entraver d’une grosse montre ou d’une gourmette? Très peu pour lui. Il savait qu’il avait de l’argent, il n’avait pas besoin de le montrer. Il attrapa son cartable en cuir, y fourra ses lunettes de vue et partit en vitesse. Il était en retard. Il héla le premier taxi venu et pressa le chauffeur jusqu’à sa destination. « Monsieur, je ne peux pas aller plus vite que les embouteillages… » Il est sérieux celui-là, pensa très fort Oscar. Il ne supportait pas qu’on oppose de la résistance à ses désirs. Une fois à destination, le brun paya le pauvre homme sans même lui laisser de pourboire. Il entendit l’insulte que siffla le conducteur entre ses dents mais ne la releva pas. Sa journée commençait déjà assez mal pour en rajouter une couche supplémentaire. Et puis, ll n’avait pas le temps de batailler. Il poussa la grande porte du bâtiment d’un pas pressé, salua la secrétaire. « Monsieur, vous avez un… » Il coupa sa phrase par un hochement de tête cinglant et un regard qui l’était tout autant. Ses grands yeux bleus se portèrent sur l’ascenseur qui resserrait ses portes. Il commença à courir. « Retenez l’ascenseur! », cria-t-il à l’attention de la chevelure blonde qu’il n’arrivait presque plus à distinguer. Un pied s’intercala entre les portes et il réussi à s’immiscer dans la brèche. Merde, il ne manquait plus que celle-là. « Moi qui pensais que ma journée ne pouvait pas plus mal se dérouler. J’avais tort. » Un sourire goguenard vint se peindre sur le visage d’Oscar. Joy lui avait ôté les mots de la bouche. « Je ne suis pas assistant social chérie, évite de me raconter ta vie. » décocha-t-il avec ce détachement qui lui était si propre. Il ne pouvait tout simplement pas l’encadrer. En remplaçant une mèche de ses cheveux, il poursuivit. « Pour ma tranquilité, dis moi que tu descends au prochain étage. J'ai de l'urticaire rien que d'être si proche de toi. »

« Je ne suis pas dans le social et pourtant j’accepte gentiment de t’adresser la parole. Chacun sa croix à porter. » décocha-t-elle. Dans l’esprit d’Oscar, cela n’avait pas raisonné un seul instant. Il avait en ce moment même dans sa tête un petit singe jouant des cymbales. Ce que pensaient les gens étaient bien le cadet de ces soucis tant qu’on ne pointait pas un défaut physique. Mais cela n’était jamais arrivé et il n’avait pas grand mal à imaginer pourquoi. Il se trouvait irrésistible. Oscar était ce genre de type qui se pensait mieux que tout le monde, en toute circonstance.  Quand elle eu fini de déblatérer, Oscar ricana doucement afin de lui montrer encore une fois à quel point ils étaient à milles lieux d’avoir ne serait-ce qu’un point commun. [color:236d=#salmon]« C’était l’autre ascenseur celui pour l’enfer Oscar. Si t’as envie de sortir pour le rejoindre, aucun souci, je ne me vexerais pas. » Dit-elle, l’air léger. Oscar rit doucement et leva les yeux au ciel. Sans la regarder, il lui répondit d’un ton sec. « L’enfer ne peut pas être pire que d’être ici avec toi, alors je pense que je vais suivre ton conseil et me casser au plus vite. Et encore heureux que tu ne te vexes pas, tu devrais être honorée de te trouver en ma présence. » Il voyait la pression montée en la jeune femme et cette situation l’amusait plus que de raison. Il avait l’impression d’être face à l’un de ces petits roquets qui essayait de faire la loi en aboyant contre le facteur. Ridicule. « D’ailleurs qu’est-ce qu’un gars comme toi fais ici, franchement je ne me serais jamais doutée qu’un trou du cul dans ton genre connaisse le principe du journal. Tu m’impressionnes de jour en jour. » Oscar la trouva tellement condescendante qu’il sentit très sévèrement la moutarde lui monter au nez. Comment osait-elle lui adresser la parole sur ce ton? Elle devrait apprendre à s’écouter et à en déduire elle-même qu’ils ne jouaient absolument pas dans la même cours. Même si au fond il n’osait pas avouer que de faire disjoncter une femme à l’apparence si fragile lui procurait un certain plaisir. Le jeune homme n’avait jamais été quelqu’un de sain et son goût pour le vice revenait au galop sans trop forcer.  Il grinça légèrement des dents avant d’asséner en vociférant « J’espère que je t’impressionne, ça te donnera un modèle pour réussir ta vie. » À peine eut-il le temps de finir sa phrase qu’un bruit sourd se fit entendre, comme le son d'une trompette cassée, en plus effrayant. Son premier réflexe fut de se protéger la tête, de peur que le plafond de l’ascenseur lui tombe sur le nez. Ce qui en soi était tout à fait inutile dans ce genre de situation. Oscar comprit très vite qu’il était coincé entre le premier et le deuxième étage, avec une folle. Quelle journée horrible, pensa-t-il en retirant les bras de sa tête. L'instinct de survie, bien que la situation n’était pas aussi extrême qu’elle en avait l’air, l’obligea à se calmer très rapidement. Le spectacle que lui offrait June valait le coup d’être vue.  « Excusez moi, je suis bloquée dans l’ascenseur. Il s’est arrêté. J’aurai besoin d’aide ! » Oscar posa sa main sur sa bouche et se mit à rire. Franchement, il préférait ça plutôt que de se mettre à pleurer. La situation était drôle, le bâtiment était plein, tous deux ne craignaient rien. Dans une heure maximum, tout serait réglé, il en était sûr. « June, peux-tu arrêter de t’époumoner de la sorte? On doit respirer le même air, déjà que c’est dérangeant mais en plus de ça t’es vraiment égoïste. » Il s’approcha d’elle et soupira. Il n’avait pas décidé d’être gentil, non. Il essayait d'instaurer une trêve de quelques minutes pour la rassurer et que l’attente se passe le mieux possible. Déjà qu’avec cet évènement il allait raté son rendez-vous.  Et puis, la voir si paniquée devenait de moins en moins amusant. « Ça va aller, ne t’inquiète pas. On est pas très haut et ils vont venir nous chercher. » dit-il avec un peu plus de calme. Il appréhendait la réaction de la jeune femme face à son changement de comportement. Elle allait vraiment finir par croire qu’il était un psychopathe de première catégorie. Et elle n’aurait pas totalement eu tort.