- une vie ce n'est pas assez...Habitants de Mykines : 22.
Chapter III ; Papa adore raconter cette histoire, celle de sa rencontre avec Maman et Elin, elle l’écoute toujours avec des grands yeux admiratifs. parmi tous les récits qu’il lui raconte chaque soir, c’est son préféré. alors elle l’écoute, serrant sa peluche dans ses bras tandis que papa se perd dans ses souvenirs. lui, il a toujours vécu ici, sur leur petite île. parfois, il vadrouillait dans la ville mais n’y trouvait pas grand intérêt et revenait toujours chez lui, amoureux des paysages. Maman elle, c’était l’aventurière, l’exploratrice passionnée par l’ornithologie alors quand elle a eu l’âge, elle est partie de la maison pour partir à l’aventure jusqu’à arriver sur mykines. elle pensait y passer quelques semaines, peut-être un mois mais pas plus, elle a toujours eu besoin de bouger Maman. mais quand elle a rencontré Papa, elle n’est plus jamais repartie. lui, il lui apprenait la vie ici, à respecter leur culture, leurs coutumes, leur respect pour la nature. elle, elle lui racontait ses voyages, lui contait le monde d’ailleurs qu’elle avait tant aimé explorer.
oui, c’edt son histoire préférée, parmi toutes les légendes et les contes que papa connaît. et elle s’endort toujours la tête pleine d’aventures colorées, le sourire aux lèvres.
Chapter V ; Maman aime bien les emmener, elle et Anja dans ses expéditions. Maman, elle connait tout sur les oiseaux de l’île et elle en parle toujours avec une passion qui impressionne toujours Elin qui la regarde de ses grands yeux pétillants. à son âge, Elin en connait des choses. elle sait pas encore très bien lire, elle apprend encore avec la vieille dame de la maison d’à côté qui leur fait l’école à sa sœur et elle mais déjà, elle adore passer son temps à la petite bibliothèque pour feuilleter toutes les images qui illustrent les grands textes qu’elle déchiffre du bout de son petit doigt. elle apprend pour accompagner Maman, lui posant des tas de questions sur toutes les espèces qu'elle aile tant lui montrer.
Chapter X ; parfois, c’est pas marrant d’être les seuls enfants sur leur île. Anja, c’est sa sœur et elle l’adore, c’est aussi sa meilleure amie mais elles ont sûrement déjà fait toutes les bêtises que des gamines de leurs âges peuvent faire dans un si petit patelin. et puis compter les moutons, les regarder même la tête à l’envers, elle trouve plus ça très drôle. son seul petit moment d’excitation, c’est quand un bateau débarque sur l’île. alors elle court au petit port et dévisage les nouveaux arrivants, toujours à l'affût de son colis à elle. elle a le droit, tous les mois, de commander un nouveau livre parce que ceux de la bibliothèque, elle les a déjà tous fini. et aujourd’hui, c’est le jour du bateau. elle l’entend au loin, elle sait que c’est pour elle car le capitaine fait sonner sa corne de brume trois fois. et elle quitte ses moutons, court à toute allure à travers le village. plus personne ne se demande où va la petite tornade blonde. tout le monde sait car tout le monde la connait, la petite Elin de la maison aux volets bleus. ce soir-là, cachée sous la tente que Papa lui a confectionné dans le coin de sa chambre, la blondinette dévore son livre mais s’endort à la moitié, portée vingt mille lieues sous les mers.
Chapter XIV ; la ville, elle a jamais vraiment aimé ça Elin, comme Papa mais c’est devenu leur petit rituel de famille, de prendre le bateau pour le continent et de s’y balader tout un weekend. elle demande toujours à passer au bookstore ou au magasin de musique pour faire le plein de nouvelles aventures à lire ou de chansons à connaître sur le bout des doigts. c’est pour compenser qu’elle dit, compenser d’avoir été traîné ici. parce qu’Elin, elle aime pas la ville. elle regarde toujours les autres de son âge, se dit qu'elle y ressemble en rien et quand elle aperçoit son reflet débraillé dans les vitrines, elle prend soudain honte. parce qu’elle y connait rien à la société Elin. dans son petit paradis, tout est si simple alors qu’ici, tout parait trop compliqué, trop artificiel. et elle, elle est de trop ici, elle est pas à sa place ici, elle est pas chez elle ici. alors elle se cache derrière sa grande sœur qui lui sourit, ce si joli rictus qui peint ses lèvres roses tandis que ses doigts se resserrent autour des siens. Anja, elle l’envie d’être si belle, l’envie pour tout un tas de raisons qu’elle n’osera sûrement jamais avouer. Et pourtant là-bas, elle s’en fiche de pas être jolie, de ressembler à rien avec ses nattes déstructurées, ses hauts beaucoup trop grands pour elle, qu’Elin vole souvent à son père ou si sa veste est vieille, un peu trouée et qu’elle rafistole à sa manière simplement parce qu’elle appartenait à Maman. elle s’en fiche de son apparence Elin et puis dans son petit village, y’a pas besoin de plaire, pas besoin d’attirer les yeux des garçons. alors qu’ici, les regards la suivent, les sourires se dressent, la rendent mal à l’aise. non Elin, elle aime pas la ville.
Chapter XVII ; la mer les a pris et elle ne leur rendra jamais. mais elin s’assoit là, juste à côté du phare, le regard perdu sur l’horizon qui sépare le ciel et l’océan. et elle attend là toute la journée, elle attend de les voir apparaître au loin ou à côté d’elle. elle attend simplement, elle espère fortement, prie démesurément. mais au fond d’elle, Elin elle sait qu’ils ne reviendront jamais. la mer les a pris, la tempête les a fait sombrer, les a emportés. et son petit cœur brisé avec. mais elle attend, le visage trempé de larmes, la voix usée. elle attend qu’ils leur reviennent. parce qu’ils peuvent pas les laisser toutes seules, Anja et elle, ils ont pas le droit. alors ils reviendront non ? parce que personne n’avait trouvé les corps alors peut-être qu’ils se sont échoués quelque part et qu’ils attendent eux aussi de l’aide. alors Elin aussi, elle espère. elle passe ses journées sans bouger, l’âme meurtrie. et elle attend. encore et toujours. surtout pour toujours. parce que jamais ils ne reviendront.
Habitants de Mykines : 20.
Chapter XX ; et Elin, elle aime toujours pas la ville mais son petit paradis s’est transformé en cauchemar. il y a quatre ans avec Anja, elles ont dû changer de pays, changer de ville, changer d’île, changer de vie. mais Elin, le changement, elle aime pas ça. elle s’y fait pas même si ses grands-parents lui promettent chaque jour qu’elle finira par s’y plaire et que sa sœur lui sourit, presse sa main pour lui assurer que ça ira. mais elle sait bien Elin, que rien ne va. Papa et Maman ont disparu alors comment pourrait-elle se sentir bien ? comment peut-elle faire comme si c’était rien, que tout sa vie avait pas coulé avec eux dans ce bateau ? et Elin, elle leur en veut, elle en veut à tout le monde. à ses parents pour être partis sans elles, pour les avoir abandonnés ; à ses grands-parents qui tentent de lui faire oublier ; à sa sœur qui lui faire croire que rien n’a changé ; au reste de la planète qui tourne encore alors qu’elle souffre un peu plus chaque jour, alors que son monde a explosé en milliards de particules poussiéreuses. alors elle hurle contre l’univers, sur le premier miséreux qui aura le malheur de lui dire que la vie continue ; sur les vagues pour qu’elles lui ramènent ses parents ; sur tous ceux qui s’approchent de trop près de sa petite bulle, son petit bout de paradis qu’elle essaie de conserver entre ses mains tremblantes.
et elle continue de s’évader ailleurs, entre les lignes, les lettres encrées sur les pages des livres, ignore le reste du monde pour vivre dans le sien, tente d’oublier la douleur qui la perce, qui effrite son sourire soleil et qui creuse un peu plus sa peine. un jour, Elin s'en ira. loin de là. et elle aurait pu retourner chez elle depuis longtemps maintenant mais sa maison a coulé, son foyer s'est effondré. et son chez elle, c'est anja. juste anja et elle.
Habitants de Mykines : 18.