Evelyn Campbell

- une vie ce n'est pas assez...
"Je m'appelle Évelyn Campbell, je suis originaire de San Diego et j'ai vingt ans." J'avais horreur de ses présentations en thérapie du groupe, à chaque séance il fallait se présenter, il y avait toujours des nouveaux, à croire que le monde devient réellement dingue. J'étais dans cet hôpital psychiatrique depuis pratiquement huit mois et c'était toujours la même rengaine. J'étais l'une des rares à être vêtu correctement, la plupart venaient en pyjama ou en blouse d’hôpitaux. J'avais l'impression d'avoir été lâcher ici par erreur, pourtant je savais parfaitement que si j'étais là c'était pour une bonne raison. Les séances durent pour la plupart du temps une bonne heure, si tout le monde accepte de parler et de se confier sans rechigner. Je faisais souvent partie de ceux qui se confiait sans vraiment être claire et précise dans mes propos. J'étais plus à l'aise pendant ma séance avec mon psychologue. C'était plus simple de se confier sans personne autour. Certains patients étaient assez effrayants, les yeux vides, ils ne réagissaient presque pas, je soupçonne les médicaments pour être dans un état pareil. Ils restent là des heures même une fois la séance terminée, en général ce sont les aides soignants qui les ramènent dans leurs chambres, sans ça je suis presque certaine qu'ils dormiraient sur leurs chaises. Pour ma part a chaque fin de séance du groupe je retourne dans la salle commune ou je me tape des films pourris, ou je peux constater pratiquement chaque jour la folie de certains. Mon moment préféré de la journée c'est quand on peut aller dehors, sentir l'air frais c'est peu de chose, mais ça fait un bien fou.

" Comment vous sentez vous Évelyn?" Les lunettes rondes de mon psychologue sont imposantes et le verres tellement épais que je pouvais me voir à l'intérieur. Je tire nerveusement sur mes manches en observant la bibliothèque qui n'avait pourtant rien de passionnant. " Je me sens bien, je suis plutôt calme ses derniers temps." Le médecin remonte ses lunettes et regarde ses notes. " Effectivement, il semblerait que vous n'ayez eu aucune crise depuis deux semaines, c'est très bien." Il n'exagérait pas quand il parlait de crises, parfois j'ignore encore pourquoi, je me réveille en panique, je ne me souviens pas de quoi j'ai rêvé, je sais seulement que ses cauchemars me mettent dans un état de panique incroyables. " Vous souvenez vous de votre captivité dans cette cave?" Je frissonne, oui je m'en souviens, cette femme était dingue, réellement et j'étais devenue comme elle, enfin dans un sens. Trois mois où j'avais été enfermer dans la cave à écouter cette folle me parler de ceux qu'elle tuait, m'appelant par le prénom de sa fille défunte, elle était réellement persuadée que j'étais son enfant. C'était étonnant ce que la folie pouvait faire voir aux gens, dans l'esprit torturé et embrumé de cette femme, j'étais sa fille âgée de seulement huit ans. La pauvre femme avait perdu le trésor de sa vie dans un incendie, elle en a perdu la raison et pourtant les gens qui la croisaient chaque jour auraient juré qu'elle était saine d'esprit.

Le jour de ma sortie a été une délivrance, je retrouvais enfin ma liberté après un an de captivité, que ce soit avec cette folle ou dans cet hôpital je me sentais captive depuis tout ce temps. Je devais refaire ma vie, mais hors de question de rester à San Diego, non c'était impossible pour moi de soutenir tous ses regards. C'était sans compter que mon petit ami avait été déclarer mort quelques semaines avant ma capture. Il était militaire et il avait été envoyé en mission en Irak, malheureusement, il n'en est jamais revenu. Je n'avais plus rien qui me retenait dans cette ville, mes parents n'étaient plus de ce monde et j'étais fille unique, je n'avais plus personne. Le jour de ma sortie j'ai entrepris de vider mon appartement et j'ai quitté la ville et j'ai complètement changé de pays. J'ai sillonné le pays américain en accumulant des petits boulots. Ma route c'est stopper il y a six mois à Cuba. Une belle ville tellement belle est loin de mon passé que j'ai décidé de poser mes bagages définitivement. Je reconstruis ma vie en oubliant mon passé, même si je n'oublierais jamais l'homme que j'ai aimé et perdu au combat.

Code:

<zz>Emilia Clarke</zz> - Evelyn Campbell