✘ oh non, pas toi

Maintenant qu’elle vit enfin dans son propre logement, Soledad se doit bien quand même de rendre parfois visite à ses parents. Sa mère la harcèle de messages régulièrement pour savoir quand elle passera. Ayant une journée de libre, elle les a prévenus qu’elle passerait pour manger avec eux à midi et passer éventuellement l’après-midi en leur compagnie. Soledad et la ponctualité, ce n’est pas une grande histoire d’amour, elle arrive donc en retard au domicile de ses parents. Mais ils sont encore plus en retard qu’elle, et elle patiente donc dans le grand salon en attendant leur arrivée. Peu après elle, elle aperçoit Danilo le bras droit de son père, et chouchou au passage, faire son entrée dans la pièce. Elle ne peut retenir le soupire d’exaspération qui s’échappe de ses lèvres. « Oh non, pas toi ! » Si à une époque, elle avait eu le béguin pour lui, depuis leur séparation, elle lui trouve tous les défauts possibles. Ce qu’elle déteste le plus, le fait qu’il ait plus d’attention de son propre père qu’elle-même. Alors forcément, quand elle le croise, elle ne peut s’empêcher de le provoquer systématiquement. C’est plus fort qu’elle.

Huit ans que je travail pour lui. Huit années que Monsieur Nuñez m'a sortie de la rue et tous ses problèmes. Je lui dois tout ce que j'ai aujourd'hui. Dieu seul sait comment j'aurai terminé s'il n'avait pas été là. Très tôt ce matin, j'ai reçu un message de lui-même. Une affaire urgente à régler. Le genre d'affaire où il ne faut pas avoir peur de se salir les mains. Où il faut laisser tous bons sentiments de côté. Une fois la chose réglée, je me rends chez mon patron après être d'abord passé chez moi. Il est midi passé lorsque j'arrive au domicile des Nuñez, je me gare devant la belle bâtisse. Le genre de villa que je ne pourrais sans doute jamais m'offrir. Je la connais bien, j'y passe une bonne partie de mon temps. Je ne me donne même pas la peine de frapper pour entrer à l’intérieur, je ne le fais plus depuis très longtemps. La première fois que je suis venu entré ici, j'étais ce moins que rien de dix-huit ans totalement paumé. Aujourd'hui, la roue a tourné. Certes, ce "boulot" n'est pas sans crainte mais, cela me convient pour le moment. Je pénètre alors dans la bâtisse et me rends directement dans le salon. Je croise directement le regard d'une jeune femme. Le regard de la fille Nuñez, Soledad et ex par la même occasion. Elle est froide et exaspéré à la fois. Je ne peux m'empêcher de sourire. Sa provocation cela ne marche pas avec moi. "Ça va très bien Sol, merci. Et toi ? Ta matinée c'est bien passé ?" Je me laisse alors tomber sur le canapé ne la quittant pas du regard et toujours un sourire dessiné sur mes lèvres.

Pourquoi fallait-il qu’ils viennent là tous les deux le même jour à la même heure ? A croire que le destin avait décidé de lui pourrir sa journée. Déjà que ça ne l’enchante pas vraiment de venir dîner et passer son après-midi-là, dans cette maison où elle a été confinée tant d’années, alors si en plus, elle doit supporter l’autre toutou à son père, c’était le pompon. « Ça allait parfaitement bien jusqu’à il y a trente secondes. » Et encore une petite pique. Soledad a la rancune tenace. Pourtant, ça fait déjà un très long moment qu’ils ne sont plus ensemble, mais elle n’a jamais vraiment digéré la rupture, bien qu’elle n’ait absolument plus aucun sentiment pour lui. Mais derrière cela se cache surtout énormément de jalousie, ce qu’elle n’admettra jamais au principal intéressé bien évidemment. « Dis-moi que tu ne viens pas pour dîner toi aussi, t’es là que pour parler affaires avec mon père, hein ? » Elle lui parle assez sèchement, mais au fond, elle est nerveuse et elle espère très sincèrement qu’il ne restera pas là plus que nécessaire. D’ailleurs Sol passe son temps entre regarder l’heure sur son écran de téléphone, espérant peut-être aussi un message de sa mère lui annonçant qu’ils arrivent bientôt mettant ainsi fin à son calvaire et la porte de d’entrée.