• When my breath turns cold I'll be thinking about you (Alayna)

Mes parents ont toujours voyagé. Ils faisaient partis de ces gens, tétanisés par la routine, toujours à la recherche du moindre frisson. Ils s'étaient bien trouvés tous les deux. De Tokyo à New York tout en passant par Rome, ils dévoraient la vie à pleine dent vivant d'amour et d'eau fraîche. Seulement l'amour et l'eau fraîche ça ne fait pas vivre une famille. Mes parents ne se sont pas démontés à l'annonce de mon arrivée, ils ont attrapé une carte, fermé leurs yeux et pointé le premier pays possible. C'est comme ça que j'ai poussé mon premier cri dans un petit cabanon au bord de la plage à Canberra en Australie. Mon père surfait quand ma mère est arrivée comme une hystérique sur la plage totalement paniquée, ce qui explique le cabanon.

Mes parents m'ont inculqué depuis toute petite les bonnes manières et le savoir vivre. J'avais vraiment une belle vie. Tout était simple mais ça m'allait parfaitement. L'éducation de mes parents m'a appris une chose, je voulais que chacun ait la chance que j'ai moi même eu. J'ai choisi comme vocation d'aider les gens dans le besoin. J'ai entamé mes études de médecine à Canberra, dans l'objectif de venir en aide au plus de monde possible. Je pensais être une super-héroïne prête à sauver le monde évidemment... Je pensais être invincible... mais mon père est tombé malade. J'ai été longtemps dans l'ignorance, le comble pour quelqu'un qui faisait des études de médecine. Mes parents ont toujours vu le bon côté des choses. J'ai eu une vie de débauche, j'ai vécu ce que peu de personne ont vécu ma chérie. C'est maintenant à toi de vivre. Mon père s'est éteint quelques mois après le diagnostic.  Nous avions beau faire bonne figure, ma mère et moi n'étions plus capables de marcher dans les rues que mon père avait parcouru, ni regarder les vagues sur lesquelles il avait surfé si souvent. Nous avons donc décidé de nous en aller. Les yeux fermés et les doigts pointés ensemble vers la carte nous ont guidé à La Havane. J'avais 24 ans à l'époque. J'ai continué médecine, pour moi mais surtout pour mon père. Mon envie de venir en aide aux autres était devenue une obsession. Ma mère et moi avons retrouvé un équilibre dans cet endroit totalement différent de là d'où nous venions. Un nouvel air.

Mon nouvel air, c'était Jonas. Je croyais aux coups de foudre. (Mes parents m'en ont si souvent parlés) Seulement je ne pensais en aucun cas que ça me tomberait dessus. Il était l'homme parfait pour moi. Je l'ai su au premier regard et je pense que lui aussi. Ensemble nous avons partagé un amour passionnel, fusionnel et si torride. Je me voyais devenir sa femme, la mère de ses enfants. Je lui aurais confié ma vie. Mais tout a été une question de timing. J'ai terminé mes études de médecine. J'étais fière c'est sur mais ce n'était pas le but de ma vie. Alors quand on m'a proposé ce projet humanitaire au Congo, j'ai vu là une opportunité en or de vivre mes rêves. J'ai eu peur de l'annoncer à Jonas. Nous avions tellement de projets, je l'aimais tant...Ce n'était qu'un an. Seulement je n'ai pas pu me résoudre à lui voler cette année de sa vie. J'ai déposé une dernière fois mes lèvres sur les siennes. Notre baiser était salé, les larmes coulaient sur nos deux visages.  Puis nous nous sommes séparés. En suivant l'un de mes rêves j'en ai laissé un autre derrière mois. Notre amour était unique.  Et je redoutais de ne jamais retrouver ce genre d'amour dans ma vie.

Cette année est passée et beaucoup de choses ont changé. Je suis de retour à la Havane. Pardon, nous sommes de retour à la Havane...